28
Une rencontre inespérée

Bien que le soleil n’ait même pas encore atteint la moitié de sa course vers son zénith, la sueur perlait aux tempes de Madox, le faisant jurer contre la chaleur torride du désert.

— Combien de temps avant que nous voyions la fin de cette mer de sable ? s’informa Mayence dont les pieds palmés réclamaient, depuis plusieurs jours déjà, un trou d’eau suffisamment grand pour s’y baigner.

— Pour ce que j’en sais, nous devrions en sortir d’ici trois jours, mais certains des hommes ne tiendront pas jusque-là. Les coups de chaleur sont de plus en plus fréquents, anéantissant non seulement les forces des victimes, mais leur volonté de s’en sortir également. Tous ne sont pas faits pour les longues expéditions et la majorité n’avait aucune idée de ce dans quoi ils s’embarquaient en s’enrôlant pour le sire de Canac. Les mancius s’en tirent beaucoup mieux.

— Nous sommes habitués à vivre dans le désert où les ressources sont limitées. De plus, tant que Mélijna nous approvisionnera en eau salée, tout ira pour le mieux.

— Je déteste être à la merci de cette sorcière, grogna Frayard pour la millième fois au moins depuis le début du voyage. Cette emprise qu’elle a sur les mancius m’obsède. Rien ne nous garantit qu’elle ne décidera pas de tous nous abandonner dans le désert une fois qu’elle et Alejandre auront obtenu ce qu’ils désirent.

— Entre chacun des déserts que nous traverserons, il y a de grandes zones viables qui suffiront à assurer une subsistance à court terme, expliqua Madox. Et tant que je serai là, il sera toujours possible de rapatrier magiquement les mancius avec l’aide de quelques connaissances. Ne t’en fais donc plus pour ça, Frayard. Tu t’empoisonnes la vie pour rien.

— Je ne m’empoisonne pas la vie, je suis réaliste. Cette femme est une plaie pour l’humanité…

— Peut-être, mais en attendant, c’est toi qui risque d’en devenir une pour tes compagnons de voyage, marmonna Mayence, qui n’en pouvait plus des jérémiades de son compatriote. Trouve un autre sujet de conversation, s’il te plaît !

Frayard grommela une phrase inintelligible avant de s’emmurer dans un profond mutisme. Mayence haussa les épaules. Ce silence lui convenait parfaitement.

— Encore combien de déserts après celui-ci ? demanda-t-il, s’adressant maintenant à Madox.

— Au moins un autre avant celui où est situé Ramchad, mais je te réponds sous toutes réserves. Je n’ai jamais emprunté cette voie et la cité dédiée à Darius est une destination encore inconnue pour moi, aussi je pourrais très bien me tromper.

— Combien de temps alors, insista le mancius palmé.

— Au moins dix semaines, soupira le Déüs qui se sentait trop souvent envahi par la nostalgie.

Même s’il tentait de soutenir une conversation et de se changer les idées en écoutant ceux qui voyageaient avec lui, il n’y réussissait qu’avec peine. Les souvenirs le hantaient sans répit. Il ne parvenait même plus à dormir sans que ses rêves soient envahis par son passé. À de nombreuses reprises, il avait voulu communiquer avec Naïla, mais son courage l’avait abandonné chaque fois. Il craignait qu’elle ne lui demande des nouvelles de sa sœur Laédia. Force lui était également d’admettre qu’il redoutait sa propre réaction face à la relation d’Alix et de Naïla. Autant il avait souhaité que son compagnon accepte son rôle de Cyldias, autant il craignait maintenant d’être de trop en leur présence.

« En tout cas, ce n’est pas en agissant comme tu le fais que ça va s’améliorer », s’admonesta-t-il, excédé par son propre comportement.

Un soleil de plomb sévit toute la journée, épuisant. Quand l’astre descendit enfin derrière la ligne d’horizon, le cheval de Madox, qui avançait en queue de peloton, avait enjambé quatre nouveaux cadavres. Ce n’était pas pour améliorer le moral des troupes.

— La nuit sera longue, prédit Mayence, en voyant les hommes descendre de leur monture, puis s’y adosser avec peine.

Beaucoup n’avaient pas faim, la chaleur leur coupant l’appétit. Les rations d’eau étaient cependant abondantes, salées ou non. C’était bien là le seul avantage que Madox avait trouvé à la nouvelle puissance d’Alejandre ; il pouvait pourvoir aux immenses besoins en liquide, et les pertes humaines et mutantes étaient ainsi réduites. Le Déüs avait beau désirer la réduction des armées du sire avant l’arrivée à Ramchad, il préférait que cela se fasse dans des combats et non pas en crevant de soif. Il y a des morts moins souffrantes que d’autres et, surtout, des agonies plus courtes.

— Madox, est-ce que je pourrais te voir ?

Le jeune homme sursauta en entendant la voix de Naïla. Sans réfléchir, il répondit :

— Bien sûr ! Où ?

— À ta cabane, ça te va ? Il faut que je te parle d’Alix…

Déjà, dans son esprit, Madox voyait poindre les ennuis. Il espérait seulement ne pas avoir à servir de médiateur entre sa sœur et son compagnon d’armes. Ces deux-là avaient un tel caractère qu’une expérience de la sorte ne pouvait que tourner au cauchemar. Mi-inquiet, il prévint les mancius de son départ, puis quitta la brunante du désert pour son repaire.

Il faisait nuit noire à la frontière des Terres Intérieures où se situait sa cabane. Une faible lueur filtrait par les interstices des fenêtres fermées par des peaux tannées. Instinctivement, il sonda les environs, cherchant l’aura de sa sœur ; dans cet univers, on ne se montrait jamais trop prudent. Il détecta bien une présence, mais ce n’était pas celle de Naïla. Fronçant les sourcils, il dégaina son épée. Il connaissait cette aura, mais il n’aurait jamais dû la percevoir, sa mère étant morte depuis plus de dix ans déjà.

— Tu peux rengainer ton arme, Madox, annonça une voix douce qu’il ne croyait plus jamais entendre. C’est bien moi.

La chair de poule envahit la moindre parcelle du corps du Déüs, mais il ne rengaina pas son épée pour autant. Les pouvoirs de certaines personnes étaient tels qu’ils pouvaient reproduire la voix des autres. Même s’il doutait que cette capacité s’étende aux auras, il ne prit pas de chance et poussa la porte de la pointe de son arme, s’arrêtant sur le seuil pour scruter l’endroit. Tous ses sens en alerte, il se para magiquement, mais il comprit bientôt qu’il n’aurait besoin d’aucune défense.

Debout au fond de la pièce se tenait sa mère. Sa mère. Aucune magie n’aurait pu reproduire avec autant de justesse la femme qui se mouvait dans la lueur des bougies. En la voyant, il sut que ce ne pouvait qu’être Andréa. Malgré le passage des années et les traces laissées par les épreuves qu’elle avait dû traverser, il eut l’impression qu’elle n’avait pas réellement changé.

Immobile, il retint son souffle. Il hésitait à faire un pas de plus, craignant qu’elle ne se volatilise soudain, qu’elle disparaisse encore une fois pour ne plus jamais revenir. Les secondes s’égrenaient comme autant de siècles. Son cœur battait la chamade et sa vue se brouilla. Sa main devenue moite lâcha son arme, juste avant qu’il ne tombe à genoux, terrassé par l’émotion. Touchée par sa détresse, Andréa s’avança doucement. Tremblante, elle lui tendit les bras, ses grands yeux bicolores noyés de larmes.

— Je suis tellement désolée, Nox…

S’il lui était resté un doute sur l’identité de cette femme, même le plus minime, il aurait disparu à l’instant où elle l’avait appelé Nox. Personne, pas même son père, ne l’avait jamais appelé ainsi. C’était un secret entre sa mère et lui, le genre de chose qui existe sans qu’on sache exactement pourquoi, mais qui fait que la vie est différente et que les souvenirs qui lui sont associés ont une saveur particulière.

Leur étreinte dura une éternité, leurs corps, secoués de puissants sanglots, soudés l’un à l’autre. À ce moment, peu importait tout ce qui avait précédé cet instant ou ce qui lui succéderait, seules comptaient ces retrouvailles inespérées et le bonheur qu’elles suscitaient.

— Où étais-tu ? voulut savoir Madox quand ils se séparèrent enfin.

— Nous devrions nous asseoir, suggéra Andréa en désignant le lit, seul meuble pouvant les accueillir tous les deux.

Ils passèrent la nuit entière à se raconter des tranches de leur vie respective, afin de combler les vides. Ils pleurèrent la perte de Laédia, mais l’Insoumise passa sous silence le rôle que Naïla avait bien involontairement joué dans cette mort. L’heure n’était pas aux jugements et elle craignait que son fils ne soit pas prêt à entendre la vérité, encore moins à l’accepter. Chaque chose en son temps, se dit-elle. Il viendrait bien assez tôt le jour où les secrets n’en seraient plus et où tous devraient apprendre à vivre avec leurs actes passés.

Quand l’aube parut, ils se rendirent sur la tombe de Laédia. Émus, ils s’y remémorèrent des moments plus heureux, une époque moins douloureuse. Se soutenant l’un l’autre, ils murmurèrent un dernier adieu à la jeune fille. Ils se quittèrent finalement à contrecœur, mais certains de se revoir bientôt. Si Madox retrouva les troupes d’Alejandre le cœur plus léger, Andréa regagna Ramchad les épaules soulagées d’un poids immense. Sans surprise, elle y trouva sa fille sur les remparts.

 

* *

*

 

— Tu m’attendais ?

— Oui et non. Je n’arrivais plus à dormir. Mes cauchemars ont repris du service et je préfère encore manquer de sommeil que de subir cette torture. À ce que je vois, ce fut moins pire que tu ne l’appréhendais, continuai-je en faisant référence à Madox.

Un large sourire s’épanouit sur les traits fatigués d’Andréa.

— Effectivement. Merci de m’avoir poussée à y aller.

— Tu devrais plutôt remercier Alix. C’est lui qui…

— Non, c’est toi. Tu as décidé de me secouer et c’est ce dont j’avais besoin.

Je haussai les épaules.

— N’en parlons plus. Le principal, c’est que Madox sache que tu es toujours en vie. Sur cette terre, quiconque nous est cher est une bénédiction pour le moral et nous aide à garder foi en l’avenir.

— Tu veux vraiment retrouver Samuvel ? me demanda ma mère à brûle-pourpoint.

— Bien sûr ! Pourquoi cette question ?

— Je me disais que s’il était capable de voyager autrefois, il le serait encore aujourd’hui…

Elle n’avait pas besoin d’en dire davantage, nous nous comprenions parfaitement.

 

* *

*

 

— Kaïn vient de partir pour l’Orphelinat des Sages, nous informa mon Cyldias deux jours plus tard, alors que nous nous arrachions les yeux sur des bouquins qui nous apportaient bien peu de renseignements pratiques. Si tout se déroule comme prévu, nous commencerons à rapatrier les mages dès ce soir.

 

* *

*

 

— Nous venons tous les deux, Kaïn.

Pacôme et Ambroise se tenaient côte à côte, solidaires. Ils avaient longuement discuté pour savoir si l’un d’eux devait rester pour assurer l’avenir en cas de défaite, puis ils étaient arrivés à la conclusion qu’il faut parfois savoir céder sa place et faire ce que l’on croit juste. Ils avaient déjà beaucoup donné pour l’avenir de la Terre des Anciens et ils jugeaient le temps venu de passer le flambeau. S’ils perdaient la vie, il resterait sûrement quelques-uns de leurs élèves pour prendre le relais et veiller à ce que la connaissance et l’utilisation de la magie ne se perdent pas.

— Je n’ai jamais eu l’intention de dissuader qui que ce soit… commença Kaïn avant qu’Ambroise ne l’interrompe.

— Tu as dit que l’un de nous deux devait rester pour assurer… tenta Ambroise, mais Kaïn le coupa à son tour.

— Je sais ce que j’ai dit, mais ça ne signifie pas que j’aie eu raison. Vous n’êtes pas les seuls à avoir réfléchi à la situation. Je ne peux vous obliger à assumer ce que je refuse moi-même de faire. Notre place à tous les trois est sur les champs de bataille, dans l’espoir de terminer ce qu’avait commencé Darius. Advienne que pourra, lança Kaïn dans un haussement d’épaules.

Une heure plus tard, les mages formés par Ambroise et Pacôme depuis plus de trente ans franchirent pour la première fois la faille temporelle en sens inverse et revinrent dans leur monde d’origine, où les attendaient Andréa, Kaïn, Alix et Naïla. Ces derniers veillèrent à les faire voyager magiquement jusqu’à Ramchad où l’adaptation commença, de même que les rénovations magiques de la cité, afin d’occuper tous ces jeunes en attendant le déploiement de leurs multiples talents dans un tout autre but.

 

* *

*

 

Un mois s’écoula avant que Ramchad ne soit de nouveau pleinement habitable et puisse éventuellement se suffire à elle-même dans un proche avenir. Les potagers d’autrefois avaient magiquement retrouvé leur verdure et produiraient bientôt de quoi faire vivre la nouvelle population. Le désert avait été en partie apprivoisé et sa faune mise à contribution pour la défense, comme pour la subsistance. Un mois où je ne vis pas le temps s’écouler, trop prise à aider, mais surtout à savourer ces moments privilégiés en compagnie d’Alix. De son côté, il en avait profité pour mettre de l’ordre dans les affaires du manoir, où Marianne n’avait pas été revue depuis sa désertion. Il avait également réuni les hommes qui lui étaient fidèles depuis de nombreuses années pour mettre à jour les informations que ces derniers avaient recueillies depuis plusieurs mois. Nous compilions les renseignements provenant de diverses sources et tâchions d’y chercher le moindre indice des activités de Saül. Ou de la Quintius, parce que Kaïn demeurait convaincu, tout comme Alix, que cette organisation cachait quelque chose depuis trop longtemps déjà. Ils avaient l’impression que l’ascension de Saül allait réveiller les désirs de puissance et de gloire des dirigeants. Plusieurs informateurs avaient d’ailleurs été envoyés pour en apprendre davantage, ceux qui étaient sur les lieux depuis de nombreuses années ayant mystérieusement disparu récemment.

Alix et moi avions convenu avec Andréa et Kaïn qu’il valait mieux que les mages de l’Orphelinat soient bien installés et parés à intervenir avant de nous consacrer à la recherche d’autres Filles de Lune sur la Terre des Anciens, y compris de la dénommée Maëlle qui se terrait chez Morgana. Pour ne pas céder à la tentation de les rapatrier avant que nous soyons prêts, j’avais évité de me servir du précieux pouvoir légué par Alana. Nous avions cependant préparé des quartiers pour les accueillir. Kaïn, Pacôme et Ambroise travaillaient d’arrache-pied à une formule permettant de les dissimuler à la perception de Mélijna une fois qu’elles auraient pris possession de leurs pouvoirs sur la Montagne aux Sacrifices. Il valait mieux ne pas attiser la convoitise de la sorcière, ni son attention. Il était préférable qu’elle reste dans l’ignorance. Mon père m’avait également promis de libérer Animés de sa prison de pierre.

Je retrouvais ma mère sur les remparts tous les matins. Nous tentions de rattraper nos trop nombreuses années loin l’une de l’autre. Nous avions échangé des centaines de souvenirs, des anecdotes, nos bons comme nos mauvais coups. Nous avions aussi beaucoup pleuré quand elle m’avait raconté ses premières années ici et que je lui avais parlé de la maladie d’Alicia et de mon double deuil. Des crises de fou rire avaient parfois mis une touche de gaieté dans les moments les plus sombres à l’évocation de l’enfance tumultueuse de Madox et des petites manies de Tatie. Si j’avais fini par apprendre la mort de ma demi-sœur, nous ne revînmes pas sur le sujet et je respectai cette volonté de ma mère. Elle avait droit à ses secrets et moi aux miens.

Ce matin pourtant, je scrutais seule l’horizon, Andréa ayant quitté Ramchad pour Philizor, terre des Insoumises. Elle m’avait promis une surprise à mon retour et je m’étonnai de sourire en y pensant. Comme si j’avais encore l’âge de ce genre de choses…

 

Quête d'éternité
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